Devant le domaine Valkère (Le petit bourg)

Maire de Le Crane Messages : 43 Date d'inscription : 14/04/2008

Le Manoir d'Octave Valkère

Le nouveau manoir d'Octave Valkère avait été construit au centre de ce que l'on appelait le petit bourg, en opposition au grand bourg qui était devenu le village à proprement dit du Crâne. Deuxième lieu le plus densément peuplé de la région, il n'était éloigné du centre du village du Crâne que de 3 à 4 kilomètres vers le sud-est. De petits étals disposés sur une place ouverte juste en face du manoir d'Octave permettait aux paysans du coin de venir vendre leurs fruits et légumes sans avoir à effectuer le chemin jusqu'à la place du marché au centre du village et une petite activité économique y prenait tranquillement son essort. Dans les chemins de terre des environs, des soldats aux armoiries des Valkère patrouillaient à pied ou à cheval pour s'assurer du bon déroulement de tout ce qui si déroulait.

Le garde en poste ce jour là fumait tranquillement sa pipe derrière la porte du domaine Valkère. Perdu dans ses pensées, il fut ramené à la réalité quand on frappa à la porte. Certains qu’il s’agissait des autres gardes qui revenaient de leur tournée, il ouvrit la petite trappe afin de s’en assurer. Cependant, il fut surpris de constater que le visiteur était tout autre que les gardes du domaine.

Bonjour à vous gardien, déclara le seigneur Ostalvo avec un sourire, le seigneur Valkère est-il présent? J’aimerais m’entretenir avec lui.

Sans réagir immédiatement, le garde mit quelques secondes à réaliser et à répondre à Malek.

Oui, bien sûr, je vais l’avertir.

Maire de Le Crane Messages : 43 Date d'inscription : 14/04/2008

Octave arriva à la porte de son manoir rapidement et ouvrit la porte lui-même au seigneur Ostalvo. Le fixant du regard avec un air perplexe il entreprit de commencer la discussion :

Bien le bonjour seigneur. Entrez je vous en prit !

Il devança Malek Ostalvo jusqu'à la cour intérieur de son domaine où les deux hommes prirent place sur des chaises en bois rustiques. Du vin et des raisins leur fut servit et l'hôte attendit de voir ce que le maître du Crâne avait à lui dire.

Malek avait un air décontracté, comme souvent, très calme, comme quelqu’un qui ne se sent inquiet de rien. Assit auprès d’Octave, il goûta le vin et fit un signe d’approbation en déposant la coupe. En regardant autour de lui, il porta son attention sur certaines boiseries arendiennes.

Vous avez une belle demeure, seigneur Valkère, mais vous vous doutez que je ne suis pas ici pour parler de votre manoir. Marat est venu me voir. Outre le fait que vous avez planifier cette attaque sans m’en parler, je dois vous reprocher d’avoir gaspiller une bonne idée en en parlant à la mauvaise personne.

Octave pencha les yeux vers la table et reprit sa coupe.

Ce qu’il y a de bon, par contre, est que si l’information se rend à Valinie, elle apaisera les soupçons de Lockar à mon égard; et ça, c’est un bon point pour vous. D’un côté, je ne sais pas si ce que vous avez fait aura de bonne ou de mauvaises répercutions. Nous verrons bien. La seule chose que je crains réellement, est que les relations entre nous et l’autre cinglé de Benarus ne se détériorent davantage. Et ce Bérion qui part avec Benarus, quel conard. Après tout ce que j’ai fait pour les Ardielois.

Justement, seigneur, pourquoi? Cela coûte une fortune, demanda Octave d’un ton suspicieux.

Malek eut un sourire malicieux.

Car le plus difficile ce n’est pas de conquérir une ville, mais de soumettre et d’amadouer sa population... je sais de quoi je parle et vous serez d’accord. C’est justement pour cette raison que Tortoise ne m’intéresse pas. En ce moment, elle vaut très peu et l’exploiter à long terme serait presque impossible, sa population est trop farouche et ignorante. Alors qu’Ardiel... N’allez pas croire, cependant, que mes intentions soient similaires aux actes ignobles de Lockar, il n’en est rien, les Ardielois sont très près des Crâniens et je crois que nous pourrions en bénéficier à long terme.

Puis il regarda Octave dans les yeux.

Cette fois-ci, je vous prierais de ne pas trop en parler.

Avec tout cela, il y a Célérion. Tant que je ne connais pas mes chances auprès de lui, je ne peux pas agir comme je veux. Je n’ai toujours pas de nouvelles de Meshol.

Il fit une pause et reprit.

Et ces De Bonteigne? Que pouvez-vous m’en dire? Je crois que vous en savez plus que vous ne le montrez et je ne me considère pas comme déplacé en vous demandant de m’en parler.

Malek reprit sa coupe et dégusta le vin qui, sans aucun doute, était un des meilleurs qu’il ait lui-même bu.

Maire de Le Crane Messages : 43 Date d'inscription : 14/04/2008

Octave avait une fois de plus écouté l'exposé de son seigneur sans manifester la moindre réaction. Il avait les jambes croisées, le dos bien caler contre le dossier de sa chaise en bois et faisait tourner le vin que contenant sa coupe en la balaçant doucement dans un mouvement circulaire. Après une petite pause où le seigneur du Crâne avait cessé de parler, il reprit son exposé en questionnant ouvertement le membre de la famille Valkère :

Et ces De Bonteigne? Que pouvez-vous m’en dire? Je crois que vous en savez plus que vous ne le montrez et je ne me considère pas comme déplacé en vous demandant de m’en parler.

Malek reprit sa coupe et dégusta le vin qui, sans aucun doute, était un des meilleurs qu’il ait lui-même bu. Octave gardait le silence, cherchant sans doute ce qu'il devait répondre à cette question plus que directe.

Les De Bonteigne sont sans aucun doute la famille de la noblesse arendienne la plus en vue dans tout le pays. À eux seul, sans même prendre en considération leurs nombreux appuis extérieurs, ils sont à la tête de deux communautés, prennent en charge le poste de ministre en chef de Brione en plus de noyauter la fonction ecclésiastique en officiant en temps que Grand Prêtre. Leurs réseaux de renseignement et d'espionnage sont aussi farouchement puissant.

Prenant une petite gorgé, Octave afficha alors un sourire presque provocateur à l'adresse de Malek Ostalvo.

D'ailleurs l'un des leurs est au village depuis quelques jours à ce qu'il me semble. Il me surprendrait grandement qu'il soit venu vous rendre ses hommages en personne à votre manoir mais de toute façon, vous devez déjà être au courant de tout cela grâce à votre excellent service de renseignement.

Se recomposant un visage plus neutre encore une fois, Octave poursuivit avec ce qu'il avait à dire.

Vous parliez tout à l'heure que vous ne saviez pas si mes manigeances allaient avoir de bonnes ou de mauvaises répercutions et sur ce point je vous seconde. Je pense cependant que le fait que Lockar cherche à me contacter nous donne un avantage certain, celui de connaître ses intentions concernant notre village et vous même. L'aîné des fils du Baron serait disposé à me rencontrer en terrain neutre, dans le village de Lebois, et d'entamer des discussions arbitrées par le seigneur Rascal de Bonteigne en personne. Je ne sais pas du tout si les relations entre les De Bonteigne et Valinie sont meilleures mais je crois que la haine qu'ils ont pour vous peut devenir un motif suffisant pour leur rapprochement.

Octave se servit du vin encore une fois en empoignant la carafe qui était posée sur une table basse à proximité. Il offrit ensuite de remplir le verre de Malek et lui tendit enfin le plat de raisins.

Bérion d'Ardiel n'est pas trop à blâmer d'avoir suivit Benarus, il sait que celui-ci a plus de chance de se porter à l'attaque d'un baron même plus puissant. Je ne sais pas ce qu'il va dire à Benarus concernant le plan que je voulais mettre en oeuvre mais peut-être est-il encore possible d'utiliser ce personnage car il m'a affirmé lui-même qu'il craignait de voir Benarus pénétrer à Ardiel en vainqueur... et en maître ! En parlant du fou furieux, serez-vous présent au combat qui nous opposera ? Et surtout avez-vous un plan au cas où la situation dégénérerait entre mes gardes et les siens ? Benarus est le genre de personnage qui n'accepte pas de perdre la face devant des témoins et il pourrait très bien commettre l'irréparable. Je ne vais personnellement à ce combat que pour la victoire et je crois que mes chances de vaincre le maniaque dans cette discipline sont très grande.

Octave affichait un sourire presque trop confiant, lui qui était habitué pourtant à dissimuler efficacement bien ses émotions. Un serviteur, habillé exactement de la même manière dont les anciens serviteurs du temps de l'administration Valkère était vêtu, vint alors interrompre l'échange.

Les pièces d'or ont été remises à un cavaliers qui se chargera d'accompagner le seigneur Ostalvo messire.

Merci Palmir, tu peux disposer. Je vais vous remettre 25 pièces d'or seigneur pour la réfection des chemins qui longent mon domaine car j'ai entendu dire que vous alliez peut-être procéder à des travaux prochainement sur les routes de la région. Il est normal que je débourse une partie des frais qui correspond aux chemins que moi, mes hommes et les paysans du coin utilisent chaque jour.

Octave entreprit alors d'attaquer une longue grappe de raisins, les avalant l'un après l'autre en fixant toujours son homologue assit juste en face de lui.

Malek avait l’impression de vivre un moment comme il n’en avait jamais vécu ou presque. Devant lui, un homme qu’il avait déjà menacé de mort, lors de son arrivée au pouvoir, s’il n’acceptait pas l’or et ne se taisait pas sur les dessous de la « révolution de palais ». Cet homme, aujourd’hui, était le plus grand mystère de ce village. Non pas le plus profond, ce titre revenait à Renard, mais celui dont il fallait absolument tenir compte dans la politique du Manoir. Comment tenir compte d’un mystère dans un milieu où tout doit être concret? Et cette aide dont il faisait preuve ou semblait faire preuve, quoi en faire? Il y avait une chose dont Malek était à peu près certain et Marat aussi, car ils en avaient discuté, Octave se méfie probablement autant de son côté. Quelle situation étrange. Si Octave est prêt à coopérer, cela signifie que son intérêt est purement individuel. À quel point était-il prêt à fermer les yeux sur les valeurs nobiliaires pour se tailler une place au Crâne. Que lui offrait-on pour trahir le nouveau seigneur. Malek restait sans bouger, un perdu dans ses réflexions. Sur un sursaut il répondit à son hôte.

C’est une excellente idée, la coopération. J’accepte vos 25 pièces d’or et je vous promets qu’elles seront bien utilisées dès ce mois-ci. D’ailleurs, en parlant de coopération, je voudrais que vous rencontriez Marat à propos d’une stratégie commune à adopter en cas d’invasion du territoire. Un autre fort sur le domaine doit être pris en considération. Si vous avez besoin de fer pour armer vos hommes, je vous ferai un bon prix aussi.

Malek ne souriait pas et le fait que son homologue le fasse l’agaçait un peu, mais il ne le laissa pas paraître. Il demeurait accroché à une idée, ce visiteur des De Bonteigne, qui était-il? Derlau n’en avait jamais parlé dans ses rapports, mais ça, il ne fallait pas qu’Octave le sache.

Et ce visiteur, vous pouvez m’en parler davantage? Je ne sais pas ce que l’on vous offre, mais j’aimerais savoir ce que vous aimeriez de moi en échange de votre alliance. Je sais que ma présence n’est pas la bienvenue pour tout le monde, mais elle l’est pour plusieurs qui font que je suis là pour rester. Ces gens qui veulent s’allier à vous ne réalisent peut-être pas à quel point mon départ ne se fera qu’après une guerre sanglante et pour ce qui est de l’assassinat, je leur souhaite bonne chance. Je vous ai offert de devenir le noble le plus important du Crâne, vous n’avez pas répondu, mais il est vrai que cela demande réflexion. Surtout quand cela signifie prendre les terres de votre cousin…

Malek s’arrêta pour le regarder et tenter de voir si la réaction serait la même que la dernière fois que cette idée avait été mentionnée après la rencontre des nobles. Peu importait de toutes façons, il était temps de se mouiller.

Avec votre coopération, je peux faire arrêter Lucius pour complot et vous recevrez la moitié de ses terres et le reste serait distribué à certaines maisons de la noblesse et au Manoir, je ne veux rien pour moi.

Sans aucune menace dans la voix il poursuivit.

Si vous n’êtes pas d’accord, vous pouvez toujours raconter cela aux alliers de votre famille, aussi puissant puisse-t-ils être, je les attends de pied ferme. Si par contre vous me suivez, vous atteindrez un rang que vous n’avez jamais connu et que vous ne connaîtrez pas autrement. Car il y a une chose sur laquelle vous pouvez me faire confiance, les De Bonteigne ne veulent pas voir Le Crâne trop puissant. Même s’ils vous proposent de devenir le seigneur, vous deviendriez le plus fort, mais sur un petit trône. Alors qu’en ce moment Le Crâne se dirige vers le destin qu’il mérite et, comme je vous ai déjà dit, si notre domaine est puissant, nous le serons aussi.

Regardant Octave, Malek attendit sa réponse en le fixant dans les yeux.

Maire de Le Crane Messages : 43 Date d'inscription : 14/04/2008

Octave méditait sur les paroles du seigneur du Crâne sans dire un mot, le regard perdu dans ses pensées. Il ne sourirait plus. Cette franchise l'avait déconcertée tout comme la manière d'aller droit au but de Malek qui ne lui laissait plus d'autre marge de manoeuvre pour jouer sur le mystère concernant ses intentions. Il demanda à une servante de rapporter du vin d'une armoire à proximité, déboucha la bouteille avec énergie et se versa un verre plein qu'il but en deux longues gorgés consécutives. Grimaçant quelque peu suite à sa deuxième gorgé, il entreprit enfin de répondre :

Votre intervention a le mérite d'être claire cher seigneur. Je ne vais pas vous cacher que si vous m'auriez fait part de votre plan de supprimer Lucius et de distribuer ses terres il y a de cela quelques mois cela aurait été une grave erreur de votre part. Maintenant les choses ont changées et je dois avouer humblement que vos assises à Le Crâne sont solides comme le roc. L'armée, et j'en sais quelque chose, vous est fortement dédiée, ce qui vous offre une protection sans égale contre toute tentative de renversement par les armes. L'appui populaire qui est le vôtre au sein du peuple condamne pour sa part vos adversaires à rester minoritaire dans leurs tentatives de vous renverser. Tout cela je le comprend mieux que quiconque puisque j'habite tout près de vous et que je connais ce village depuis toujours. Je vois la lente agonie du pouvoir Valkère prendre de l'ampleur depuis presque quinze ans mais je dois avouer que vous avez précipité sa chute à une vitesse incroyable depuis moins d'un an. Aussi je reste pragmatique en ce qui vous concerne contrairement à la plupart de vos rivaux qui, je le crois, sous-estimes votre réelle puissance et vos dons de gestion.

Octave se leva alors et entreprit de se verser un autre verre de vin avant d'arpenter la pièce en long et en large, faisant tourner sa coupe en un geste circulaire encore une fois. Malek ne savait pas si le teint rougeâtre de son hôte ainsi que les quelques goûtes de sueur qui perlaient sur son front étaient dû à l'alcool, qu'Octave avait consommé en importante quantité depuis le début de leur entretient, ou à la teneur de ce que les deux hommes avaient discutés. Fixant son homologue droit dans les yeux, l'homme reprit son discour avec cette fois-ci de l'anxiété dans le visage :

Comme vous l'avez si bien dit, devenir le noble le plus important au Crâne demande de la réflexion. Cependant je vois certains problèmes dans ce que vous m'offrez. Premièrement, ne venez pas me dire que vous ne prendrez rien pour vous dans le démembrement des terres de mon cousin car disposer de la moitié de ses terres et les distribuer à vos partisans augmentera considérablement l'appuit qu'ils vous donnaient déjà et renforcera votre pouvoir sur Le Crâne. Aussi, si Lucius arrivait à disparaître, je resterai le seul à pouvoir revendiquer l'ensemble de ses possessions car je suis le légitime descendant des Valkère dans la région. Bien sûr vous pourriez imposer votre volonté en misant sur l'armée mais vous savez comme moi que tout ceci ne se ferait pas sans conflit et que vos adversaires pourraient aussitôt en profiter. Que ce soit Benarus ou Lockar qui pourraient en profiter pour attaquer le village ou les Traditionnalistes qui auraient les mains libres pour engager des mercenaires disposés à appuyer vos ennemis, vous savez que votre situation pourrait rapidement être en péril au Crâne.

Octave appuya alors ses coudes sur le dossier de sa chaise et poursuivit sans lâcher le seigneur crânois des yeux.

Le clan des de Bonteigne compte sur moi pour maintenir son influence sur le village et ils ont à ce titre investis de grande somme pour que je puisse me construire ce manoir et ils ont déboursés une partie des coûts de ma garde personnelle. De plus je sais que je peux compter sur des alliés puissants à Brione, ceux-là même qui sont dans l’entourage du Duc Célérion. Ce que vous m’offrez en échange de mon alliance peut paraître très allèchant mais je resterais alors un simple noble puissant dans un village reculé, perdant par le fait même mes appuits extérieurs les plus puissants. Je dois donc, vous en conviendrez, réfléchir longuement à la marche à suivre pour mon propre intérêt personnel. Je choisis donc pour l’instant le statu quo en vous faisant la promesse que je ne tenterai jamais d’intriguer contre vous et que je ne divulguerai rien sur ce que nous venons de discuter. Je ne suis pas naïf et je sais que votre pouvoir sur Le Crâne est là pour rester, vous êtes beaucoup plus fort que ce qu’il n’y parrait et je crois être l’un des rares à prendre toute la mesure de votre puissance. Cependant je ne suis pas prêt à couper tous les liens que ma famille a tissé avec les Traditionnalistes au fil des ans et cela pourrait éventuellement vous êtres bénéfique advenant une guerre contre eux.

Reprenant place sur sa chaise et croisant les jambes, Octave reprit son visage plus impassible.

Vous vouliez en savoir plus sur le de Bonteigne qui est présentement au Crâne n’est-ce pas ? Je ne suis pas certain de qui il s’agit mais je crois que nous avons affaire à Rascal ou à Belesfor. Il est au village depuis quelques jours, sinon plus d’une semaine, et il a cherché à me rencontrer plus d’une fois. Pour l’instant je me suis dit trop occupé pour une telle rencontre et je suis persuadé qu’il commence à se poser des questions sur mon compte. Votre visite à mon manoir n’est rien pour aider les choses mais ils ne peuvent de toute façon que compter sur moi pour leurs intrigues de palais. Lucius et le vieux Naster sont beaucoup trop séniles pour qu’on leur confie quoi que ce soit ! J’imagine que le de Bonteigne présent doit être ici pour observer la situation et faire un rapport à ses petits amis à Brione. Il doit loger au Manoir Valkère ou peut-être même chez les Naster histoire de déjouer votre puissant réseau d’espionnage, sur ce point je n’en sais rien. Une chose est certaine il ne pourra rien obtenir de moi, je sais très bien comment jouer à l’idiot d’une manière intelligente.

Octave afficha alors un autre de ses sourires mystérieux à l’adresse de Malek.

Je rencontrerai Marat tout de suite après mon combat contre Benarus qui doit avoir lieux demain matin. J’espère que vous y serai avant votre voyage pour Brione cher seigneur. N’oubliez pas non plus de venir avec une bonne escorte car je réserve une petite surprise à ce mangeur d’herbe et je crain qu’il ne s’emporte encore une fois un peu trop fort à notre encontre. Comme on le dit si bien en Arendie, mieux vaut rester prudent avant de savoir dans quel sens soufflera le vent.

Cette dernière remarque correspondait bien à la position qu’Octave semblait vouloir adopter face à Ostalvo et aux de Bonteigne. Il observait et ne faisait rien qui pouvait être interprété comme un trop grand appuit à l’un ou à l’autre des deux groupes. Sur ce point, Octave Valkère demeurait bien le mystérieux personnage que Malek avait pressenti.

En terminant cher seigneur je vous suggère innocemment de bien surveiller qui travail au Manoir du Crâne car nous ne sommes jamais trop prudent quand il s’agit de choisir son personnel.

L’homme fit alors un petit clin d’oeil à son vis-à-vis.

Inutile de dire à quiconque que je viens de vous donner ce petit conseil, tout seigneur peut très bien vouloir enquêter sur son personnel sans avoir été avertie par quiconque de le faire. Oh oui j'oubliais, je vais vous tenir au courant si jamais le fils aîné de Lockar cherche à me rencontrer encore une fois car je crois que nous avons tout intérêt à lui faire croire que je suis un allié pour son père. Et aussi, tant qu'à y être, mes hommes ne savent pas comment agir face à vos espions qui opèrent près de mon manoir mais je leur ait dit qu'il ne devait en aucun cas s'opposer à eux, à moins qu'ils ne tentent quelques manigeances contre moi. J'espère que tout cela est clair mon bon seigneur ?

À ces dernières paroles, Malek eut un sourire, celui de quelqu'un qui respecte la façon dont il vient d'être piégé. Il connassait un espion qui allait perdre son emploi et mystérieusement disparaître.

Si Octave était sincère dans tout ce qu'il venait de dire, les choses iraient plutôt bien dans l'avenir. Ce qui était un statu quo pour lui, représentait une excellente avancée pour Malek. Une situation plus compliquée que prévue, certes, mais un Octave Valkère plus coopératif était combien plus appréciable? En ce qui concerne l'extérieur et la menace d'infiltration, le pire était de toutes façons à craindre.

Octave était un réaliste, comme Ostalvo. Un réaliste peut se faire passer pour un passionné, un idéologue ou un nostalgique. Mais ces derniers, ce genre de dirigeants déconnectés, comme Lucius, ne peuvent se faire passer pour un réaliste, une conception des choses qu'ils ne comprennent pas. Il y avait sans doute plusieurs réserves dans les paroles d'Octave, elles seraient à découvrir, mais l'ensemble de ses dires devaient être assez sincères. Tout en gardant l'oeil ouvert, Malek allait devoir accepter les affirmations du Valkère, il fallait bien tenter quelque chose dans cette direction.

Je vous remercie pour vos bons conseils, seigneur Valkère. Je crois que nous pouvons nous entendre.
Les Debonteigne seront sûrement au courant de mon départ pour Brionne, je ne serais pas surpris qu'ils tentent quelque chose. Me faire passer pour mort aux yeux de l'armée serait une bonne idée entre autres. Si tel est le cas, ils seront surpris eux-mêmes. Enfin, ouvrez l'oeil.

Malek se leva et se dirigea tranquillement vers la porte.

Je serai là demain pour votre combat, pour rien au monde je ne raterais cela. Je compte sur vous pour renvoyer chez lui ce pauvre imbécile.

Pour ce qui est du fils de Lockar, je vous appuie. Personne ici n'a intérêt à ce que ce cinglé gagne en force. Sur ce point, au moins, j'ose espérer que même les Debonteigne comprennent qu'il est une menace pour nous tous, y compris le Duc Célérion. Ce genre de rapace de partage pas le pouvoir et impose sa volonté. Nous devons nous rallier contre lui.

Les deux gardes noirs qui attendaient près de la porte s'approchèrent de leur maître et lui présentèrent son cheval.

Je vous revois demain seigneur Valkère et bonne chance.

Malek repartit vers le Manoir, il avait déjà en tête sa prochaine tâche: écouter ce que Laplume avait appris de l'envoyer de Lockar
(voir:https://lesvestigesdelempire.1fr1.net/le-crane-f52/le-manoir-le-crane-t76-30.htm)

Maire de Le Crane Messages : 43 Date d'inscription : 14/04/2008

Octave salua sont hôte de manière polie et regagna sont bureau alors que le maître du Crâne s'apprétait à regagner son manoir pour s'enquérir de l'interrogatoire de l'agent valinien. Le travail de La Plume serait-il suffisant pour faire parler ce gredin ? Par le passé le bourreau avait bien prouvé que peu de gens pouvait lui résister, encore une fois il allait montrer l'étendu de son talent. Il fallait cependant faire vite car l'agenda de Malek était plutôt chargé : prendre note des nouvelles informations sur Lockar et la Valinie, vérifier avec Bogdan si tout était en ordre au village avant son départ, prendre un bonne nuit de sommeil bien mérité, assister le matin venu au combat entre Benarus et Octave au Guet de la Butte et finalement poursuivre sa route vers la grande et imposante cité de Brione où Ostalvo devait rencontrer en personne, et ce pour la première fois de sa vie, le célèbre Duc Célérion. Qui avait dit que la vie d'un dirigeant était simple et oisive ? Si un Valkère pouvait se contenter de diriger la Crâne d'une manière paresseuse et distante, Malek Ostalvo allait démontrer encore une fois combien son style était aux antipodes de celui de son prédécesseur.