Butor montait tranquillement les marches qui menaient au bureau du général, passa devant le salon d’attente du bureau du seigneur et salua les gardes pour ensuite arriver devant la porte de Marat. Il se rendit compte alors que son homologue Aramès était toujours à l’intérieur et que les deux hommes argumentaient encore sur la question de la milice. Les échanges étaient parfois assez intenses pour que l’on entende de l’extérieur.
Nous n’avons jamais eut autant de miliciens, vous ne pouvez pas retirer cinq cents hommes des terres d’un seul coup.
Vous devrez vous adapter, notre milice doit être la meilleure et la mieux entraînée, ils ne peuvent pas cesser les exercices ni la surveillance du territoire, c’est la guerre au cas où vous n’auriez pas remarquez.
Et tous ses hommes d’armes qui circulent dans la ville et parcoure le domaine...
Ne me dites pas comment faire mon travail...
Butor était au courant de la situation. Aramès voulait que le travail de la milice soit suspendu pendant les récoltes pour que chacun retourne cultiver sa terre, mais le général refusait obstinément et persistait à dire que les quatre à cinq jours que les hommes passaient sur leur terre étaient suffisant; à cela Aramès répliquait que le problème n’était pas tant le nombre de jours que la température qu’il y faisait. Si le beau temps se présentait lors de l’entraînement, il fallait cesser et aller cultiver. Butor trouvait les arguments du régent des terres pertinents, mais le fait demeurait que les paysans n’étaient pas mis à profit autant que l’on pourrait. Il pensait que les droits des nobles paralysaient le potentiel de la paysannerie; certaines familles avaient cinq ou six fils pour cultiver la même terre et pour que l’un d’entre eux quitte pour aller travailler au village il fallait une permission spéciale du noble et certains étaient plutôt avars de leurs paysans. Ce qui fait qu’en bout de ligne, le conseiller au commerce penchait plus du côté du général. Il semblait que les deux hommes aient toutefois trouvé un terrain d’entente.
Un jour par semaine, pas plus et s’il pleut, ils retournent à l’entraînement.
La porte s’ouvrit et Aramès sortit en s’essuyant le front comme si on venait de l’interroger, l’entretient semblait avoir été éprouvant.
Bonjour Aramès
Bonjour Butor, le général vous attend, dit-il en poursuivant son chemin.
Butor entra.
Butor, assoyez-vous, merci de venir me voir.
Sans problème général, qu’y a-t-il?
Vous devez parler à vos artisans, nous avons un problème. Les flèches qu’ils fabriquent sont de mauvaise qualité, si la situation ne change pas, nous retournerons voir les armureries uliennes.
Et la discussion se poursuivit.