Octave Valkère était venu seul sur son cheval pour admirer les manoeuvres militaires ayant cour sur la plaine. À voir l'entrainement hardu que devait supporter les soldats on voyait bien qu'on tentait d'en faire des unités d'élites. Apercevant Marat qui observait lui aussi ses troupes à l'oeuvre, le cadet des Valkère alla à sa rencontre.
Bien le bonjour général !
Messire Valkère, répondit Marat en inclinant la tête. Il y a bien longtemps que je ne vous avais pas vu assister aux entrainements de l'armée.
Disons que je suis plutôt occupé maintenant que je dois gérer mon propre manoir et ma petite garde personnelle. Je ne suis cependant pas venu pour assister au spectacle de vos hommes mais plutôt pour vous parler.
Et de quoi donc ?
Marat ne put cacher son air intrigué. En quoi Octave pouvait bien vouloir s'entretenir avec lui ? Il savait bien pourtant à quel point il était fidèle au seigneur Ostalvo alors pourquoi ne pas aller le voir lui ?
Disons que je suis préoccupé par certaines choses délicates. L'ardielois Bérion, tel que vous l'avez vous même vu, est partit il y a quelques jours avec l'enragé de Benarus et je crains qu'il se rapproche, au nom d'Ardiel, de Tortoise. Il risque d'être prêt à offrir gros à Benarus puisqu'il sait maintenant que notre seigneur se refuse à se porter à la défense de son village. Un axe Tortoise/Ardiel avec le seigneur des chevaux comme dirigeant comporte un danger non négligeable pour Le Crâne.
Octave fixa alors Marat droit dans les yeux avant de poursuivre avec le coeur de ses inquiétudes.
De plus, j'ai fait un erreur monstre en m'entretenant de certaines choses avec ce Bérion et je crains qu'il ne dévoile tout au seigneur de Tortoise.
Et de quoi s'agit-il ?
Octave prit quelques secondes avant de répondre à son homologue.
J'ai imaginé faussement que je devais brusquer les choses pour éviter que Benarus ne devienne une menace future pour notre propre communauté. Depuis que Malek Ostalvo a réformé l'armée, avec votre aide biensure, nos forces sont supérieure à celle de Tortoise j'en suis certain. S'il y a un moment propice pour fondre sur cet enragé de Benarus c'est le moment ou jamais. Des agents de Lockar sont entrée en contact avec les De Bonteigne à Brione et ils cherchent à me rencontrer pour discuter de certaines choses car ils connaissent le type de relation qui prévalait jusqu'ici entre Ostalvo et la famille Valkère.
Prenant encore une fois une petite pause, Octave poursuivit.
J'ai pensée que puisque Benarus s'apprétait à mobiliser la majorité de ses troupes vers le nord je pourrait lancer une attaque surprise au guet de la butte avec mes propres hommes. Une fois la butte conquise et le petit régiment tortois décimé, Benarus aurait à coup sûr déclaré la guerre au Crâne une fois pour toute. Cependant ses troupes auraient eu maille à partir avec les troupes valiniennes et celles-ci auraient pourchassées les tortois alors même que nos troupes étaient disposées à foncer sur leur village laissé pratiquement sans défense. La guerre étant déclarée entre nos deux villages, le seigneur Ostalvo aurait été forcé de choisir entre l'offensive décisive sur Tortoise ou l'attente stérile au Crâne, laissant ainsi le temps à Benarus pour qu'il regroupe ses forces et mobilise plus largement contre nous. J'ai exposé cette idée à Bérion et je crains grandement qu'il n'en parle à Benarus lui-même. Vous imaginez la réaction de ce démon ! De plus le seigneur Ostalvo considérerait cela comme une trahison de ma part et ma position en serait grandement menacé. Si je vous dit tout cela Marat c'est que je veux que vous parliez pour moi auprès du seigneur car je crois que cette nouvelle pourrait bientôt éclater. Je regrette d'avoir eu l'idée de manigancer contre Benarus sans en parler au seigneur Ostalvo mais ce que je voulais faire était dans l'intérêt du Crâne. Maintenant je réalise que ce plan était beaucoup trop incertain et même dangereux mais je ne peux pas effacé ce que j'ai dit à ce Bérion d'Ardiel et je dois prendre la responsabilité de mes actes et paroles. Voilà tout ce que j'avais à vous dire, si le seigneur souhaite me rencontrer à ce sujet je resterai dans mon manoir sans plus en sortir.
Octave salua Marat et retourna sur ses pas pour regagner ses terres. Le général ne savait s'il était plus bouleversé par la teneur des aveux d'Octave ou par le fait que c'était à lui qu'il était venu se confier.