La porte du village

Seigneur de Krunt Messages : 4 Date d'inscription : 22/05/2008

Krunt

Le village de Krunt était entouré d'un mur en bois sur lequel de nombreux soldats patrouillaient. Les habitations sur la route du village étaient très rares et il semblait que la population s'entassait plus volontier derrière les défenses en bois que le dirigeant de l'endroit avait fait construire. Le Seigneur Albrande avait une bonne raison d'ainsi se protéger de l'extérieur car il était plutôt isolé dans la région. Ayant choisit de garder ses distances avec le Duc Célérion, il arborait encore aujourd'hui les emblèmes impériaux et ses soldats avaient encore l'uniforme que les militaires arendiens portaient sous l'administration impériale. Cependant, Gauvin Albrande s'était brouillé fortement avec le Prince Belgarion et le Baron Emerick et une guerre éclata entre Nivik et Krunt. Le village de Krunt fut bientôt occupé par les soldats Nivikois, après un siège éprouvant de presque 4 mois, et il fut finalement libéré à condition que le Seigneur Albrande accepte la vassalisation. Ce dernier est donc maintenant libre de ses mouvements mais il doit payer une somme mensuelle importante au Baron Emerick et à son allié le Prince Belgarion.

Renor arriva à Krunt au milieu de la nuit. Il pleuvait et faisait froid pour une nuit d’été, un bon feu serait de mise. Les chemins étaient boueux et mal entretenus, le cheval de son garde était tombé dans une pente et boitait maintenant. Devant le village, on se rendait compte que le délabrement ne se limitait pas aux voies de communications, les murs et les portes étaient ceux d’un domaine qui manque de moyens. Devant l’entrée, Renor frappa fort et quelqu’un ouvrit l’œil de bœuf.

Que voulez-vous? lança une voix peu accueillante.

Je suis un émissaire de Le Crâne et je désire m’entretenir avec votre seigneur.

Il faudra attendre le jour, nous n’ouvrons pas les portes la nuit, surtout par un temps pareil où on ne peut pas voir si vous êtes accompagné.

Il n’y a que mon garde, nous sommes seuls et ne pouvons pas passer la nuit dehors.

Pas le choix, attendez l’aube.

Et l’œil de bœuf se referma. Au petit matin, quand le brouillard fut dissipé, la porte s’ouvrit pour laisser sortir des dizaines de paysans partant cultiver les terres. Derrière eux, cinq gardes bloquaient l’entrée.

Venez avec nous.

Tout trempés, Renor et son garde entrèrent.

Seigneur de Krunt Messages : 4 Date d'inscription : 22/05/2008

L'intérieur du village semblait en fin de compte mieux entretenu que ne l'aurait imaginé Renor de prime abord. Cependant, la réaction des habitants à leur arriver était troublante. Ils montraient des signes de crainte mêlés d'hostilité à peine voilée et s'écartaient rapidement sur leur passage. Renor et son garde furent installés dans ce qui semblait presque être un cachot... mais attendez, c'était effectivement un cachot ! Après avoir fermé la porte à clef, un garde leur cria que son seigneur n'allait pas tarder à venir les rencontrer en personne. Belle preuve d'amabilité que ce traitement cavalier, à la limite de l'emprisonnement se dit Renor à lui-même.

Une bonne heure passa dans ce cachot humide qui fuyait abondament car il continuait de pleuvoir à l'extérieur. Après une nuit aussi épouvantable que celle qu'ils venaient de passer, Renor et son garde furent démoralisés de subir pareille épreuve. Arriva enfin le moment où la porte s'ouvrit sur une dizaine de gardes à l'air hostile qui accompagnaient leur seigneur.

Êtes-vous des espions ? demanda aussitôt le dirigeant de Krunt sans autre salutation. Pour qui travaillez vous ? Le Duc, c'est ça ? Votre seigneur est au service du Duc ? Ou bien vous répondez aux hommes du Prince, c'est ça ? Je paie mon tribun régulièrement et le Baron Emerick n'a pas à se plaindre alors je ne vois pas pourquoi des hommes du Prince Belgarion viendrait m'espionner. Vous êtes donc au service des amis du Duc Célérion, ça serait plus logique !

Le Seigneur Gauvin Albrande avait les traits tirés d'un homme qui n'avait pas dormit beaucoup depuis plusieurs jours. Ses yeux un peu fous fixaient en alternance l'émissaire et la garde crânois, comme s'il avait peur qu'un quelconque détail important lui échappe. Le garde du Crâne regarda Renor avec les yeux rond de celui qui pense : " mais il est complètement dingue ce type ". En effet, le Seigneur de Krunt faisait une drôle de première impression.

Renor, déconcerté, regarda son garde. Il se lava du banc de bois, seul meuble à sa disposition. Tranquillement, il s’avança d’un pas vers la grille et s’inclina humblement.

Je peux vous assurer, mon seigneur, que ni moi ni le Seigneur Ostalvo qui m’envoie ne sommes à la solde de qui que ce soit. Arrivé depuis peu au pouvoir, mon seigneur me demande de vous présenter ses respects en son nom. Les raisons de mon voyage sont donc diplomatiques d’abord. Ensuite, nous venons vous voir pour vous faire certaines propositions commerciales, certaines de nos offres pourraient vous intéresser.

La tâche s’annonçait ardue pour l’émissaire du Crâne. Renor avait déjà vu des seigneurs mal en point, mais à ce point là...

Seigneur de Krunt Messages : 4 Date d'inscription : 22/05/2008

Le Seigneur de Krunt ragardait fixement Renor et mit un certain temps avant de reprendre la parole. Il semblait dérouté par la réponse de l'étranger, s'attendant peut-être à voir celui-ci lui avouer tout de suite qu'il était un espion chargé de l'assassiner. Ses yeux fous parcouraient maintenant la petite pièce humide de long en large, comme si l'homme cherchait à distinguer si des créatures invisibles ou quoi que se soit d'autre lui avait échappé.

Je veux que vous les ameniez dans ma forteresse, j'ai besoin de mes instruments pour mener l'interrogatoire plus en avant.

Gauvin Albrande fit alors mine de sortir à l'extérieur du cachot mais replongea la tête subitement à l'intérieur, comme pour vérifier que rien de nouveau ne s'était produit durant la seconde et demie où sa tête avait quittée la pièce. Un sourire dérangé s'afficha sur ses lèvres alors que des mèches de ses cheveux lui tombaient sur les yeux. Il sortit finalement pour de bon et les deux crânois entendirent distinctement ce seigneur de province éclater d'un rire dément alors qu'il s'éloignait.

Ils ne m'auront pas aussi facilement ! Ha ha ha ha ! Craignez le pouvoir de ma colère grand Yatus ! Ha ha ha ha !

Aucun des gardes présent ne semblait troublé par les réactions de son seigneur et ils firent signe à Renor et à son garde de sortir à leur suite dans la cour extérieur. Une chose avait changée dans ce petit village quant même assez paisible car maintenant une foule d'environ cinquante personnes se massait autour des deux prisonniers avec des airs plus qu'hostiles.

À bas les étanges !

Avant même d'avoir pu esquiser quoi que se soit, Renor reçu en pleine figure un ognion pourri qui lui éclata littéralement au visage, dégageant une forte odeur de pourriture. Ceci fut suivit d'une véritable pluie d'autres légumes en décomposition et d'oeufs pourris qui vinrent recouvrir complètement les deux pauvres bougres du Crâne. Une chance que le chemin vers la "forteresse" était court car le supplice tournait maintenant au mauvais goût depuis que le garde de Renor, ayant reçu quelque chose de dégoûtant sur la figure, venait de littéralement se vomir dessus.

Comme forteresse on faisait mieux, ça c'est certain. Cette grosse cabane de bois d'environ 3 étages semblait servir de château au seigneur Albrande et on pouvait distinguer la présence en son sein d'un nombre important de soldats qui avaient tous la même mine sévère. Les deux prisonniers furent poussés à l'intérieur et conduit dans la cave où on les enferma une seconde fois. Sentant la mort et ne disposant d'aucune source de lumière, ce lieu leur faisait regretter leur précédent cachot. Il n'y avait aucun moyen de savoir si la pièce était grande ou encore si un quelconque mobilié existait. Alors que l'émissaire du Seigneur Ostalvo essayait de réfléchir à ce qu'il pourrait bien faire dans pareille situation, une voix rauque provenant du fond de la pièce se fit entendre.

Qui êtes-vous pauvres voyageurs ?

Jamais Renor ne s’était senti aussi mal et désespéré. Il était un homme de confort, élevé selon les bonnes manières et avec le plus grand soin. Il aimait son métier de diplomate, mais les intempéries des voyages l’épuisaient et, malgré tous ce qu’il avait la chance de voir lors de ses aventures, arriver à destination était pour lui plus urgent que pour n’importe qui. Où était-il maintenant? Dans un cachot chez un seigneur visiblement dérangé entre les deux oreilles. La voix fit sursauter Renor, mais son garde, un rôdeur expérimenté, resta calme. Trop paralysé pour parler, l’émissaire ne disait rien et son garde qui avait eu le temps de connaître son protégé sur la route, comprit que c’était à lui à parler.
Nous sommes du Crâne. Nous sommes venus ici au nom de notre seigneur, pour rencontrer les dirigeants de Krunt, mais je crois que la situation est différente de ce que nous attendions. Et vous, à qui avons-nous l’honneur?

Seigneur de Krunt Messages : 4 Date d'inscription : 22/05/2008

Je suis Albus Falnyr, l'ancien Chambellan du Seigneur Gauvin Albrande. Je n'avais plus eu de visite dans mon cachot depuis déjà longtemps. Rare sont les voyageurs qui viennent encore dans notre pauvre village.

La voix de l'homme était toujours aussi rauque, comme celle de quelqu'un qui dépérissait au fil du temps.

Les temps sont sombre pour notre petite communauté et rien ne semble apporter l'espoir. J'espère pour vous que votre mise à mort ne sera pas trop longue et que vous n'aurez pas à trop souffrir.

Les deux crânois, dont les yeux commençaient à s'habituer à l'obscurité presque totale, parvenaient maintenant à distinguer une forme recroquevillée dans le fond de la pièce. Allaient-ils finir eux-même leurs jours dans pareille posture ?

Au fond de lui-même, malgré qu’il se voyait devant la torture et la mort, Renor savait que son seigneur ne le laisserait pas tomber. Malgré sa peur lourde et paralysante, il frotta ses mains tremblantes pour se réchauffer. La confiance de son garde lui redonnait espoir et le désir de parler et prendre les choses en mains.

(La veille, au Manoir)

Un document pour vous seigneur, les renseignements supplémentaires sur les villes de Krunt et Nivik. S’écria un des secrétaires du manoir.

Malek consultait à la chandelle les derniers rapports sur la construction de la palissade et l’approvisionnement des Ardielois. Il était tard le soir. Le serviteur déposa une enveloppe que Malek ouvrit. En consultant les nombreuses feuilles qu’elle contenait, il pointa d’un doigt paresseux le secrétaire et lui glissa quelques ordres, sans même bouger les yeux des rapports.

Demandez à Bogdan si l’émissaire est parti pour Krunt, je vous prie.

Il l’est, messire, depuis hier, il doit déjà être bien loin.

Ah! Bon, tant pis. Alors dites-lui que nous les avons probablement perdus.

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